dimanche 15 juillet 2007

Un week-end peu ordinaire

Vendredi 13 ....

Je me réveille avant la sonnerie. 8 heures. J'ai envie de rester au lit, mais aujourd'hui j'ai un rendez-vous important avec environ 120 motards à un demi-millier de kilomètres de la maison.
Petit déjeûner, je prépare mes affaires à la dernière minute comme d'hab' (de toutes façons j'oublie toujours quelque chose), une dernière caresse au chien, et à moto Germaine !

Il fait beau, il fait chaud, ça sent bon .... 496 km et 8 heures de selle.
Après Bellegarde, la Sologne droite et plate m'offre l'ombre du tunnel de ses arbres. La moto ronronne et je jubile. Des airs dans la tête et le parfum de la forêt d'été. Quelques papillons volètent. Un lac, des lapins. Buccolique.A Cerdon, je décide de faire un léger détour pour rester sous les frondaisons. La route est déserte. Rien que pour moi.




Bourges sature un peu. Je fais hurler le 600 pour punir un automobiliste portablophile. Faut pas déconner merde. Je présente ici mes excuses aux autres embouteillés qui ont subi ma colère. La route devient désespérement droite et plate. On croirait ma plaine. Sauf qu'ici c'est moche pour de vrai. Sans doute pour mieux mériter ce qui m'attend, je ronge mon frein et tente obstinément de respecter le 90. Ca sent le piège à excès de vitesse ici. Saint-Amand, puis Montluçon. La route serpente entre les prés. Un motard du coin suit la touriste que je suis jusqu'à l'embranchement pour Evaux (salut à toi en passant, j'espère que mon rythme ne t'a pas déplu). Je rattrape Crocq, puis la Courtine. La route devient nationale jusqu'à Ussel où je fais le plein, j'accèlère. Une déviation m'oblige à rejoindre Mauriac par le Barrage de l'Aigle. Joli détour. Route un peu à pic à mon goût mais je suis du bon côté de la montagne. Et toujours personne. Puis de nouveau une route rapide pour rallier Aurillac. Pose glace. Et me voilà repartie pour la dernière ligne ... euh non pas vraiment droite tout compte fait.


Entraygues où enfin j'aperçois un panneau qui m'oriente vers Villecomtal. J'attaque la montagne sur un chemin goudronné (enfin dans le coin on appelle ça une route). Et là horreur ! Des gravillons partout !! plein !! je ralentis honteusement. Et rejoins le village en .... un temps indigne d'un rallye man que la décence et l'honnetête m'interdisent de citer ici. Mais entière et heureuse. Villecomtal est une perle rouge nichée dans la végétation, rafraîchie par le Dourdou. Un air de vacances, l'accent qui chante. Il fait beau, il fait chaud, ça sent bon .... le rallye !

Je retrouve Ol' et ma tente. Mais Thierry ze Mib s'est dégonflé (grrrr ! ) et elle n'est pas montée. Instant tragique. Gros coup de fatigue soudain. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais même pas quoi faire. Et pom me propose gentillement de partager son espace. Sois loué :smack: Je décharge la mule et écoute attentivement les consignes édictées par le maître des lieux dites du « tu n'apporteras pas de cette terre rouge sous tes semelles » sur lesquelles il n'est pas question de transiger. Vais rejoindre la troupe et on trinque chez Ginette à la joie de se retrouver, ça fait si longtemps blablabla.

20h50, je retrouve Julevie, chef de ma bande. Car cette nuit et jusqu'à la fin de l'épreuve je serai commissaire au point 2 sur la dernière spéciale, celle de Villecomtal. Je rencontre Sophie S qui sera ma coéquipière pour cette galère consentie et nous rejoignons notre poste Nous retrouvons Francis qui assure la liaison radio, en plus de la fourniture de lumière. Alors l'avantage d'être commissaire c'est normalement d'être super bien placé. Sauf que là .. bon, c'était soit un extérieur de virage coincé par des barbelés, soit un champ à l'intérieur un peu un hauteur. Nous ne verrons donc pas de trajectoires magnifiques, mais nous verrons tout le monde et ça c'est chouette. La troupe telle un papillon de nuit attirée par le projecteur me rejoint par hasard et à en voir les photos de Flat, l'endroit n'était finalement pas si mal choisi ;)

Surgis de nulle part, régulièrement, vous crevez le secret de la pénombre. Les échappements déchirent le silence de cette nuit sans lune. Vos feux éclairent la montagne, nous aveuglent le temps d'un éclair, font crépiter les flashes des spectateurs et vous disparaissez dans les senteurs de menthe. Mais je m'égare ... Etre attentif à chaque départ annoncé, pointer votre passage, écouter le plus longtemps possible votre course. Nous veillons sur vous. Et vous nous le rendez au centuple.

3 heures. La route est libérée. Je rentre rapidement à la tente. Personne. Je me faufile dans le duvet. Et là c'est le drame : quelques âmes échauffées clament leur bonheur d'être là. Un peu fort mais j'accepte de bonne grâce. Je suis venue, c'est pour en chier. La lumière du matin me réveille après deux heures de sommeil. Puis le klaxon de monsieur le boulanger m'interdit d'envisager l'ombre d'un soupçon de rendormissement. La journée va être longue.

Café et fouace. Alors la fouace comment dire. C'est beau. C'est bon. Et ça colle au palais grave ! Ça vous oblige à engloutir des litres de café. Mais c'est bon. Re-briefing. Et ... il me souvient ce que j'ai oublié en partant hier. La crème solaire ! Hop, filage rapide à la pharmacie. Mots d'encouragement à mes champions que je ne reverrai pas avant le soir et c'est parti. Je retrouve Sophie et Francis qui nous sort la table, les chaises, le parasol, la glacière. Un vrai pro du rallye !

Voilà repartie la déferlante. Et là ... le 56 n'est pas annoncé au départ. Je m'inquiète .... toujours pas ... voilà les suivants et d'autres encore. Je repense à l'incident mécanique. Sophie me rassure sur ce point. Je n'en saurai pas plus pour le moment. Le boulot reprend le dessus. Vigilance, le boulot c'est le boulot. On cantonne les spectateurs imprudents mais pas obstinés. J'essaie de profiter du spectacle. J'encourage le 315. J'admire les singes des sides, j'attends supersticieusement le passage du 116, puis du 246. Ouf .... sont passés. Attente. Casse-croûte, micro sieste, bronzette. Et ça repart.

Plus de moto n° 1 non plus et toujours pas de 56 ! La 315 n'est pas non plus annoncée mais fini par passer avec un léger décalage. Le goudron commence à fondre et l'on entend le cliquetèment des gravillons projetés. Quelques chutes sans gravité sont annoncées vers le bas de la spéciale. On redouble d'écoute. Et enfin la fin. Je rejoins le village à pied, juste besoin de me dégourdir les jambes et profiter un peu du paysage. Je retrouve tout le monde. Soulagement. Un peu de tristesse aussi. C'était un si beau championnat qui se termine un peu brusquement pour Ol'. Mais bon.

Me voilà rassurée, et du coup je décide d'aller enfin passer voir Thierry (celui qui m'a pas monté la tente) pour voir si je peux sortir parfois de ma timidité. Dont acte. Forte de cette aventure, je pars prendre un jus de pomme à la buvette en attendant l'aligot. Purée le monde ! La population du village doit plus que doubler avec le rallye et tout le monde a répondu présent. Car ce soir nous mangeons le plat diététique du pays : l'aligot. Alors l'aligot comment dire... du fromage et de la purée. Léger à souhait. Surtout quand vous avez débuté la journée avec de la fouace. Je me trouve à table en face de Mani qui fait encore plus peur que son avatar. Sof dessine des trucs cochons dans son assiette, tandis que Barbi et Fouf jouent avec la nourriture (pas bieng).

En attendant l'annonce des résultats, je fais la connaissance de Nico Derrien. « Bon, ça c'est fait » ;) qui me présente Nick Ayrton. C'est vrai que tout le monde ici est accessible. C'est vraiment chouette. Petit bémol de la fête : les podiums sont un peu foireux car on ne voit pas les heureux vainqueurs et vainqueuses et c'est dommage à mon avis. Puis direction le duvet. Il n'est que minuit, mais je tombe.

Dimanche. Première mission ptit déj'. J'apprends que le maître des lieux fait super bien semblant de ne pas être bougon le matin. Café, jus d'orange, croissants chez Ginette. On regarde passer les partants. Certains concurrents viennent avec leur moto. Ca me sidère. Un trike fait le kéké c'est pas malin. Je suis vraiment bien là, j'ai le sentiment profond de faire partie du truc et c'est bon. Deuxième mission : j'ai un message à faire passer à Bos. Je suis un peu frustrée par le manque de temps pour entamer une discussion. Mais la route qui m'attend s'annonce difficile. Je me prépare et en route. Sauf que .... premier incident, la moto est tombée à l'arrêt en mon absence. Le rétro gauche est cassé. Les gars me conseillent de l'enlever carrément. Et puis on peut pas laisser la moto orpheline d'une oreille comme ça, alors Ol' m'offre un bout de scotch du SV pour l'enjoliver. Suivi par pom, lee et r'lyeh. Séance de dédicaces, et j'y vais. Pour revenir dix minutes plus tard pour manque d'huile. Je pense que je n'ai pas envie de partir. Mais bon. Il fait beau, il fait chaud, ça sent ... la galère !

Je décide de rentrer par Saint Flour. Je me perds un peu au début. Je veux pas rentrer du tout en fait ! Mais les routes sont superbes et le chien m'attend ! Pas mal de vent mais l'air est frais.Mon fidèle destrier comptabilise 45000 kilomètres dans les Gorges de la Truyère. L'air est chargé de l'odeur âcre des genêt, du parfum chaud des foins. Je file. Pas d'arrêts pour images. Les paysages défilent, mon humeur vagabonde. Je chevauche une route déserte et je suis libre.

L'autoroute. Chargée. Piégée. Je la quitte sans regret à Clermont pour rejoindre Vichy puis Moulins et la maison. Il fait trop chaud. Je commence à avoir mal un peu partout et surtout aux oreilles. Je supporte mal mon nouveau casque et je dois oter les bouchons d'oreille. La fin se déroule dans le fracas du vent sur la visière. Il fait tellement chaud. Enfin le parfum sucré des bruyères. La maison est proche.

La moto est au garage, parée de ses souvenirs scotchés. Les sacoches sont encore montées. J'ai un peu de mal à tourner cette page. Je vous ai salués sur la première spéciale de Crannes à la Sarthe, et vous êtiez tous là dans la dernière de Villecomtal au Dourdou. Je vous dis à l'année prochaine :)

samedi 6 janvier 2007

au fil de l'eau

un lac

un donjon

une île ...

nous