mardi 19 avril 2005

Première virée : 1800 km

Vendredi 16 heures 30. El Azul piaffe dans le garage donc le portail s'ouvre enfin sur la route. Un rayon de soleil et je décide de partir sans combi, ni autres fanfreluches. La pluie ne me fait pas peur, je suis une vraie une dure une pure !

Ma monture et moi avons rendez-vous à Nantes pour une soirée entre gens de bonne compagnie. Il ne s'agit pas d'être en retard. Il ne s'agit pas non plus de perdre du temps avec la maréchaussée ni de perdre un permis si chèrement obtenu !! Le soleil joue à cache cache dans les nuages mais il ne pleut pas. Orléans, puis autoroute. Tours où j'apprends que pour aller à Angers, il faut suivre la direction de Saumur. Leçon à 30 minutes de perdues. Je longe enfin les bords de Loire par une route bien revêtue et sinueuse. Je croise un camion la cabine 6 mètres plus bas et le cul sur la route !! puis la pluie. Je ne m'arrête pas pour enfiler la combinaison et mettre les protections étanches des sacoches : déjà trop de temps de perdu et je n'aime pas être en retard.

L'approche d'Angers se fait sous la pluie, de plus en plus forte et froide. Bientôt un embouteillage nous contraint à passer la première. Je n'ai jamais fait d'entre filage et sur route mouillée la confiance me quitte. Quand j'aperçois dans le rétro un motard qui remonte. Je me laisse dépasser. Une Speed Triple bleue me semble évoluer à une allure raisonnable et je décide de le suivre. Je mets les warnings et le pilote parait comprendre que je profite de son expérience. Nous remontons ainsi les voitures jusqu'à ce qu'il quitte l'autoroute. J'aperçois alors des paquets d'une matière blanche entre les voies, puis sur les côtés. Il a neigé !! bon ... ce n'est pas tout mais l'heure tourne et je vais être à la bourre et la nuit tombe. Alors, malgré les mains gelées, et la route mouillée, j'accélère et je rejoins Nantes. Arrivée pile poil à 9h00 où je retrouve la super tribu Nantaise. La veste et le pantalon ont bien joué leur rôle anti-eau et les sacoches, bien que n'étant pas imperméables n'ont pas leur contenu détrempé.




Le lendemain, il fait beau et toutes mes affaires sont sèches. Le soleil brille et mon hôte en profite pour immortaliser ma venue. Il s'agit maintenant de rejoindre le sud. La route jusqu'à Bordeaux me parait morne mais le temps est clément. Le parfum des champs de colza me met du baume aux narines. La moto se révèle sobre et confortable. A Bordeaux, la pluie. Puis des embouteillages que, forte de l'expérience acquise la veille, je remonte prudemment. J'aborde les Landes : pays de vent, plat et droit. L'horizon est barré par une forêt sans âme. L'odeur piquante de la sève des pins me redonne néanmoins une peu d'énergie car la fatigue me harcèle. J'ai mal aux articulation : la trêve hivernale a été plus longue que je ne l'aurais souhaitée. Enfin, après une dernière halte, j'entame les derniers kilomètres. La pluie m'accompagne à nouveau, puis cède définitivement sa place aux rayons du soleil qui sèchent ma route pour mon arrivée à Pau.

Pour la remontée sur Nemours, je choisis de passer plus central. La route jusqu'à Tarbes est sans intérêt. Par contre, la N21 de Mirande à Larrazet se révèle parfaite pour confirmer mon attachement à ma moto. Je passe Montauban et remonte par la N20, mais le ciel menaçant et la tombée de la nuit me font opter pour l'autoroute encore une fois. Son tracé sinueux me laisser deviner de beaux paysages arides. A cet instant, je déplore les choix proposés par les sites internet routiers qui suggèrent systématiquement d'emprunter des voies payantes (l'A20 est gratuite sur une très grande partie de son tracé). Peu avant Brive, la pluie refait son apparition de façon violente. Il fait désormais nuit. Des panneaux indiquent que la chaussée est glissante par endroit. J'aperçois des viaducs dont la hauteur m'effraie. Je suis mal à l'aise sur ma moto qui poursuit fidèlement au rythme que je lui demande. Je décide alors de suivre une voiture dont l'allure me semble sécurisante et profite ainsi de son éclairage. Je me sens moins vraie, moins pure moins dure. De plus, mon homme doit s'inquiéter d'être sans nouvelles et je dois rentrer à bon port. Je quitte la route à Limoges et demande une chambre au premier hôtel. Je libère la moto des bagages, une douche et au lit.

Ce matin le ciel est couvert. Quelques gouttes de pluie tachent le bitume. Je dois être au bureau à 13 heures. Je fais le plein en essence et reprends l'A20. Sortie à Vierzon, juste avant la portion payante pour couper à travers la Sologne. Plate et droite. Pays de chasse où je crains de croiser du gros gibier à chaque instant. Rien à dire. Ça sent juste l'écurie. Le passage en réserve se fait juste devant la maison où je m'arrête après avoir parcouru exactement 300 kilomètres.

Fin d'un premier périple qui m'a permis de faire plus ample connaissance avec ma nouvelle monture et me donne envie d'en faire encore beaucoup d'autres.

(à suivre ...)